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Ce que l’épisode ‘Joan est horrible’ de Black Mirror nous apprend sur la vie privée

Sommaire

Un épisode de la fameuse série Black Mirror a défrayé la chronique récemment, suscitant de la consternation et un peu d’effroi chez les téléspectateurs. Intitulé « Joan est horrible », il met en scène la vie d’une femme qui est piégée par un service de VOD qui réalise une série sur elle à son insu. Très réaliste et assez crédible dans notre environnement actuel, cet épisode vient mettre en lumière à quel point nos vies peuvent être espionnées ou manipulées très facilement avec la technologie actuelle.

 

Ce qui se passe dans « Joan est horrible »

 

Le premier épisode de la dernière saison de Black Mirror, intitulé « Joan est horrible », parle d’une femme dont la vie quotidienne a été transformée en série. Elle n’a tout simplement pas réalisé qu’elle l’avait accepté ceci en signant le long contrat de conditions générales d’un service de streaming. L’épisode décrit la vie d’une femme moyenne qui un jour se réveille mystérieusement et découvre que toute l’histoire de sa vie est affichée sur un écran et diffusée par le monde entier via Streamberry, un diffuseur de contenus sur Internet et la télévision. Joan regarde désespérément le spectacle affichant tous les détails de sa vie : sa vie amoureuse, sa carrière, et même un moment privé secret qu’elle a partagé avec son ex. Joan envisage d’intenter une action en justice contre Streamberry et elle apprend que l’intégralité de la série est composée d’un mélange d’effets spéciaux et de deepfake. Ce dernier est un procédé qui permet aux images d’une actrice (ici Salma Hayek) d’être utilisée pour jouer le rôle de Joan. Inutile de dire que le spectacle a réussi à ruiner la vie de Joan. Joan et Salma Hayek consultent leurs avocats respectifs sur ce qui peut être fait pour résoudre ce problème, malheureusement en vain.

 

Les conséquences de l’épisode et ses enseignements

 

Bien que cet épisode soit une fiction, il faut remarquer que ceci intervient à une époque où tout cela semble de plus en plus possible. Internet, l’intelligence artificielle, les deepfakes sont plus ou moins entrés dans nos vies et le public peut parfaitement imaginer une telle histoire comme tangible et presque réelle. En effet, la diffusion de cet épisode a suscité l’inquiétude des téléspectateurs quant aux conséquences de ne pas lire les petits caractères des contrats. Ainsi, trois jours seulement après le début de la diffusion, les recherches Google pour les « conditions générales de Netflix » ont augmenté de 596 %, selon Casino Alpha, un critique indépendant de casino en ligne qui examine et analyse des centaines de données Internet. « Il est clair que malgré la prise de conscience actuelle des problèmes de confidentialité des données qui sont plus élevés que jamais, il est facile d’oublier que les conditions générales sont, en réalité, un contrat », a déclaré le PDG de Casino Alphan. “Les entreprises savent que, de manière réaliste, très peu de personnes prendront le temps de lire attentivement les conditions générales, même si clairement, comme le montrent les données que nous avons analysées, beaucoup en sont devenus plus conscients après le premier épisode de Black Mirror. ”Rassurez-vous, accepter les conditions générales réelles de Netflix n’autorise pas le diffuseur à transformer nos vies en drames générés par CGI. Cependant, la technologie existe et les moyens de surveillance qui nous entourent sont bien réels. Sans aller jusqu’à reconstituer votre vie sur grand écran, un hacker, un organisme de surveillance ou une entreprise de technologie peuvent tout savoir de vous via votre activité Internet, connaître vos goûts en fonction de vos commentaires et évidemment accéder peut-être à vos photos privées, vos données de santé ou vos comptes bancaires. C’est pourquoi le public ressent aujourd’hui l’urgence de se doter d’outils de protection de la vie privée comme un VPN gratuit ou payant, des logiciels antivirus efficaces ou des bloqueurs de publicités. Ce que montre aussi cet épisode, c’est que Joan est fondamentalement piégée dans des conditions générales « ambiguës et si longues que personne n’a jamais pris la peine de lire » auxquels elle a consenti. Son avocat a déclaré qu’il ne pouvait rien faire compte tenu du fait qu’elle avait consenti aux conditions générales de Streamberry. Joan a essentiellement fourni sa « licence » à Streamberry pour créer un personnage et une dramatisation de sa vie au moment où elle a cliqué sur « accepter » ces conditions générales. Dans la vie réelle, il y aurait bien sûr des recours possibles sur la question de la transparence et des conditions générales trompeuses, sur l’accès à toutes les données personnelles la concernant collectées par Streamberry, ou sur l’aspect de la surveillance illégale à partir d’appareils IoT autour d’elle (par exemple, un téléphone portable). Toutefois, cela montre à quel point nous pouvons être piégés facilement. L’épisode montre aussi à quel point les algorithmes des réseaux sociaux montrent aux gens les choses avec lesquelles ils s’engagent, que ce soit ce qu’ils veulent voir ou non. TikTok connaît le succès parce que les utilisateurs ne gèrent pas leurs propres flux : il vous montre ce qui vous intéresse réellement, puisant dans vos désirs les plus profonds. La série sur la vie de Joan  » est conçue pour maintenir le spectateur dans un état d’horreur hypnotisé », déclare le PDG de Streamberry, la plateforme de type Netflix, à un moment donné de l’épisode de Black Mirror. « C’est génial pour l’engagement. » Et ces règles s’appliquent aujourd’hui, que vous regardiez Netflix ou que vous consultez vos réseaux sociaux : elles vous laissent de moins en moins de discernement sur vos choix personnels et vous imposent un ensemble de contenus.

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