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Rencontre avec Anna Polina, une pornstar venue du froid

Sommaire

Anna Polina est une actrice porno et un modèle russo-française. J’ai décidé d’aller à la rencontre de cette jeune femme de 26 ans, qui en a dans la cervelle.

 

S.P : Anna Polina, comment as-tu basculé dans le porno ?

 

A.P : J’ai contacté un réalisateur (John B. Root). J’ai envoyé quelques photos et rempli un formulaire, et puis le réalisateur m’a fait faire un essai. À l’époque, j’avais 19 ans. Ça a collé.

 

» Etre nymphomane et faire du porno sont deux choses différentes «

 

S.P : Étais-tu boulimique de sexe quand tu étais à la fac ?

 

A.P : Non, être nymphomane et faire du porno sont deux choses différentes. Être actrice, c’est un métier, pas juste le simple fait de collectionner les mecs.

 

Quels conseils pourrais-tu donner à une jeune hardeuse ?

 

Prendre une autre voie ! Car à l’heure actuelle, avec la crise que subit le milieu du porno, c’est un métier compliqué, avec de moins en moins de moyens. Le X est déjà compliqué à gérer socialement parlant. La seule solution, ce serait de pouvoir partir aux USA pour débuter.

 

Et par rapport à la famille, les proches…

 

Certaines familles acceptent le fait que tu sois dans le X, d’autres non. Travailler dans ce milieu-là n’a rien d’anodin, ton entourage est obligé de subir ta décision, et ce n’est pas déjà facile de l’assumer toi-même.

 

Penses-tu que le milieu du sexe soit plus accessible aujourd’hui ?

 

Il était beaucoup plus simple de se faire connaitre avant Internet. Il y a une quinzaine d’années, les médias parlaient des stars du X, Tabatha Cash en tête. C’était de réelles porn stars, elles faisaient la Une des médias. Aujourd’hui, c’est différent. Avant Internet, les consommateurs achetaient des VHS, des magazines. Aujourd’hui, les gens recherchent un tag sur un site porno, beaucoup plus qu’une actrice.

 

Aurais-tu eu la même carrière avec un bonnet B ?

 

Je pense que la réussite de ta carrière n’est pas qu’une question de poitrine. À l’heure actuelle, on n’est plus dans le monde des bimbos, il y a de la place pour toutes les filles, et toutes les morphologies. Pour faire carrière, il faut bosser à fond sur son image, avoir sa manière à soi de communiquer sur les réseaux sociaux, travailler avec les productions, ce n’est pas une question de poitrine. On mise sur nos atouts, mais ça n’est pas juste avec ça que tu vas réussir.

 

Quel est ton meilleur souvenir ? Ton pire souvenir ?

 

J’en ai pas mal ! Avec les équipes avec lesquelles j’ai tourné, généralement, on se marre. Avec la plupart des gens de chez Dorcel, en France, on se charrie, on se marre bien. En revanche, dans mes pires souvenirs, je me souviens d’un tournage horrible à Prague. Il faisait froid, on faisait des journées de 14 heures non-stop, c’était compliqué.

 

Ton métier est-il compatible avec une relation sérieuse ?

 

Je connais des filles qui sont restées avec leur mec. Maintenant, ils bossent presque ensemble, le mec gère les shows de sa copine, s’occupe de la partie administrative. Ton mec te soutient. Le X renforce le couple. Par contre, pour ce qui est d’avoir une relation extérieure à ce milieu, c’est dur. Ok, tu as des mecs qui ont des discours hypocrites, qui semblent ne pas avoir de problèmes sur le fait que leur copine soit dans le porno. 

 

» Je ne suis pas attirée par les gens du même sexe que moi «

 

As-tu déjà eu une copine ?

 

Ça ne me dérange pas de faire l’amour avec une fille, m’amuser dans le privé, si j’ai un copain. Mais c’est pour lui faire plaisir. Moi, je suis exclusivement hétéro, je ne suis pas attirée par les gens du même sexe que moi.

 

« Je n’ai pas grand-chose à dire sur Clara Morgane »

 

L’univers du porno est-il machiste ?

 

C’est simple, le milieu du porno est le milieu le plus sécurisant que j’ai connu. Je me sens respectée. Je me sens à ma place. Perso, je ne trouve pas que le porno soit machiste. Il y a beaucoup d’hommes dans ce milieu. Mais je t’assure que c’est la femme qui est mise en avant. On se soucie beaucoup plus des désirs, des soucis des filles que ceux des mecs. Les actrices choisissent qui elles veulent dans leurs films, elles ont le pouvoir.

 

Que penses-tu du fait que le porno soit démocratisé chez les jeunes ? Penses-tu que le porno puisse les aider pour faire l’amour ?

 

Il faut expliquer aux jeunes que le porno est une manière de se confronter face à ses désirs. Ça permet de s’exciter, mais ça te permet également de connaitre tes désirs. Mais le porno, c’est une fiction, et uniquement une fiction ! On n’apprend pas à faire l’amour en regardant du X ! Le porno est fait pour se masturber. Si les jeunes essaient bêtement de reproduire ce qu’ils voient dans la vraie vie, c’est raté. Le porno, c’est exagéré, pour que ça soit plus spectaculaire.

 

» L’industrie du film X va couler «

 

Comment expliques-tu la baisse du chiffre d’affaires de l’industrie du porno ?

 

La plupart des productions ont coulé. Les filles vont bosser à l’est et aux USA, alors qu’il y a 15 ans les tournages étaient chouettes, aux Seychelles, aujourd’hui c’est galère. Moi j’ai la chance d’être bien encadrée, d’être proche de la maison Dorcel. 5-6 filles en vivent en France, les autres passent par les pays de l’Est et aux USA.

 

Que penses-tu de l’avenir du porno ?

 

Je pense que cette industrie va continuer à couler, inexorablement. Les filles de l’est font des scènes hards en continu, à Budapest par exemple. Je ne me fais pas de souci pour Marc Dorcel. Marc Dorcel va continuer à monter, car ils proposent d’autres choses, comme des toys, et ils sont innovants sur le net. Je n’ai jamais tourné aux USA, mais apparemment, il y a beaucoup de travail. Mais même Outre-Atlantique, ça commence à se ralentir à petit feu. Internet a tué le porno, il faut être honnête. Pour relancer un peu l’activité, je crois aux tournages live sur le net, ça peut marcher.

 

Qu’envisages-tu de faire à la suite de ta carrière ?

 

J’ai envie de faire plein de choses, d’écrire, de réaliser. D’un côté, je ne voudrais pas sortir totalement du porno, car c’est le milieu que je connais le mieux. Mais d’un autre, j’aimerais m’exprimer autrement que par ma sexualité. Écrire des bouquins que sur le X ne m’intéresse pas. J’ai un amour particulier pour toutes les travailleuses du sexe, les stripteaseuses et les autres, mais je ne veux pas être réduite à parler que de ça.

 

« Clara Morgane est arrivée au bon endroit au bon moment »

 

Tu aspirerais à une carrière à la Clara Morgane ?

 

Non, pas du tout. Clara Morgane renvoie une image positive. C’est une jolie femme, j’ai beaucoup de respect pour elle, mais elle n’a rien à voir avec mon parcours.

 

Je me sens beaucoup plus proche de la carrière et de la personnalité de Coralie Trinh Thi, qui a réalisé le film Baise Moi (2000). Je préférerais avoir une carrière comme Coralie, être libre de mes actes.

 

Clara Morgane n’est pas libre ?

 

Clara Morgane est une belle fille, qui a fait une belle carrière médiatique, mais elle est arrivée au bon endroit au bon moment. Je trouve ça très bien qu’elle ait pu perdurer, c’est bien qu’elle renvoie une belle image du X, mais je ne m’inspire pas d’elle. Je n’ai pas grand-chose à dire sur elle mis à part qu’elle a donné une belle image du porno.

 

Un message à faire passer à tes fans

 

Je leur dirais que le porno, c’est bien. Si vous aimez les films X, consommez-les légalement. Le seul moyen de nous montrer que vous tenez à nous et à la production, c’est d’acheter ce que nous faisons.

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